« La fibre dans les rations des vaches laitières » est un ouvrage rédigé par Francis Enjalbert. Présenté lors d'une conférence au SPACE 2018, Francis Enjalbert y fait part de son expertise sur les différentes notions de fibres et les conséquences d’un excès ou d’un manque dans l’alimentation des ruminants. Michel Vagneur, docteur vétérinaire et consultant en nutrition animale, a quant à lui partagé son expérience de terrain et ses recommandations sur les conséquences d'un excès ou d'un manque de fibres dans l'alimentation des ruminants.
A cette occasion, Dephine Scohy, journaliste élevage pour Web-agri, a accueilli Michel Vagneur, Docteur Vétérinaire - Consultant Nutrition Animale, sur le plateau du SPACE TV pour parler de nutrition animale.
Cliquez sur la vidéo pour découvir l'interview de Michel Vagneur
Résumé de l'interview :
Quel est le rôle de la fibre dans la ration ? Et, sous quelle forme vaut-il mieux l'apporter ?
Le rôle de la fibre est incontournable. L'approche de la fibre est multiple sur le terrain. Et,de grosses avancées ont été réalisées grâce au tamisage.
Il y a 2 approches possibles, d'une part, par l'analyse des fourrages qui permet de savoir le taux de Cellulose Brute qui permet de faire le calcul de la ration, et d'autre part, une approche physique de la fibre par le tamisage pour éviter les particules de moins de 4mm, qui ne font pas du tout ruminer, et les trop longues particules qui font de l'encombrement.
Est-ce qu'il vaut mieux apporter une fibre piquante (comme la luzerne ou du foin) ou plutôt quelque chose de mou (comme l'ensilage de ray-grass), que préférez-vous ?
Ce qui est important, ce sont les tailles particulaires, et ensuite, il faut trouver une partition entre du plus mou souvent plus riche en énergie et du plus piquant souvent moins riche en énergie.
La partition se raisonne ferme par ferme, et selon les niveaux de productions.
Vaut-il mieux mélanger la fibre dans la ration ou laisser une botte de foin à disposition des animaux ?
Il est plutôt recommandé d'avoir des rations équilibrées à l'auge, cela peut être des rations complètes ou semi-complètes. Je recommande aussi de laisser un peu de foin à disposition en surveillant la consommation.
Vous parliez toute à l'heure des tailles de particules, que pensez-vous du Shredlage ?
A propos de l'ensilage de maïs, les innovations technologiques telles que la technique de Shredlage sont très intéressantes concernant le broyage de grains. Il faut impérativement que le grain soit pulvérisé dans l'ensilage de maïs. Après, les longueurs de coupe se raisonnent, ces technologies peuvent couper des brins de 12 à 30mm. Je préconise plutôt des coupes de 10 à 15mm mais avec un grain complètement explosé.
Dans les rations avec une grosse part d'ensilage de maïs, que vaut-il mieux apporter ?
Par rapport aux ensilages de maïs, il faut déterminer les objectifs de l'éleveur ainsi que les ressources, qui sont malheureusement variables selon la météo.
Les ensilages d'herbe, les foins, les enrubannés sont très intéressants, tout comme les luzernes déshdyratées brins longs ont leur place dans cette complémentation par la fibre.
Que pensez-vous du choix des éleveurs de mettre de la paille ou du miscanthus dans la ration ?
La paille est un aliment à très faible valeur énergétique et donc, elle déconcentre la ration. Il faut connaître les besoins des animaux pour savoir si c'est possible ou pas de déconcentrer la ration. Sur des troupeaux à faible niveau, ce n'est pas gênant, c'est un peu plus ennuyeux sur des troupeaux à haut niveau.
Je ne préconise pas le miscanthus car c'est tellement ligneux que la digestibilité est très faible.
Plus on va remplir le rumen, moins il y aura de place pour l'énergie, et inversement, les rations avec une grosse part d'ensilage de maïs n'ont plus trop de place pour la fibre.
Il faut trouver un compromis entre la fibre qui déconcentre la ration et le manque de fibres qui peut conduire à l'acidose.
Et l'analyse des fourrages, que faut-il regarder ? La cellulose, le NDF, l'ADF ?
Concernant la fibre, la 1ère chose à regarder c'est le taux de cellulose, qui est la valeur la plus utilisée en France, on veut des rations à plus de 17%.
Mais le NDF, l'ADF et le taux de lignine, suivant les niveaux d'analyse, sont aussi extrêmement intéressants à considérer dans le calcul de la ration. Après, on va tamiser et vérifier l'existence de refus et de tri par les vaches.
Source : Web-Agri