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L'apport de fibres dans la ration :
un enjeu chez la vache laitière
Afin d’appréhender la notion de fibres et leur importance chez les ruminants laitiers, Désialis intervenant historique sur le marché des produits déshydratés fibreux à destination de la nutrition animale, a demandé à Francis Enjalbert, professeur de nutrition animale à l’Ecole Vétérinaire de Toulouse de faire le point sur ce sujet.
Didier COULMIER |
La libéralisation de la production laitière dans l’Union Européenne après la fin des quotas a conduit à une hausse de la production laitière soutenue par une poursuite de l’intensification. Pour rester compétitive sur les marchés mondiaux la filière laitière européenne poursuivra cette logique tant sur le plan de la taille des structures que des niveaux de production. La spécificité française (et d’autres pays européens) d’une partie de la production laitière sous signes de qualité ou sous systèmes alternatifs régionalisés permettra à certaines exploitations d’échapper pour partie à cette logique. Dans tous les cas la cohérence des choix réalisés par les éleveurs sera impérative avec une optimisation de l’ensemble des moyens de production tout en prenant en compte les attentes sociétales de plus en plus clairement exprimées concernant le bien-être animal.
La densification énergétique des rations pour répondre aux besoins d’intensification de la production laitière est déjà une réalité. L’introduction des céréales sous forme de grain ou de plante entière au détriment de l’herbe a permis cette évolution. C’est cette pratique qui a donné à la culture du maïs ensilage la place qu’elle a aujourd’hui dans les systèmes fourragers européens. La hausse du niveau d’incorporation de céréales dans les rations a franchi un nouveau cap lors de la première réforme de la PAC en 1992. Les modifications des rations des vaches laitières à cette époque et l’augmentation des cas de dysfonctionnements ruminaux regroupés sous le terme « acidose » ont favorisé l’émergence et le développement de nouvelles formes de présentation de luzerne déshydratée sous forme de brins longs et non plus sous forme granulée. La fibre Rumiluz était née.
Outre l’image positive dont bénéficie la luzerne dans l’alimentation des ruminants, son apport sous formes de brins plus ou moins longs a un impact mécanique évident sur les phénomènes d’ingestion et rumination, ce qui a contribué à son succès. Le développement du Rumiluz, puis du Rumiplus (sa version où les fines issues des feuilles sont granulées) s’est poursuivi jusqu’à maintenant en France et dans d’autres pays européens.
Aujourd’hui la maitrise de l’apport de fibres dans les rations est un enjeu. Trop de fibres peut conduire à une déconcentration des rations et à une baisse des performances. Pas assez de fibres peut conduire à des dysfonctionnements ruminaux là aussi source de baisse de performances. Afin d’appréhender au mieux cette notion de fibres chez les ruminants (laitiers principalement), Désialis a demandé à Francis Enjalbert, professeur de nutrition animale à l’Ecole Vétérinaire de Toulouse de faire le point sur ce que l’on entend par fibre chez les ruminants laitiers. Ce document se veut un état de l’art actuel qui pourra servir de référence à tous les professionnels et techniciens de la nutrition de la vache laitière.
Francis ENJALBERT |
Chez l’Homme ou les animaux monogastriques, la notion de fibres alimentaires est étroitement liée au devenir digestif des aliments. On définit ainsi les fibres alimentaires comme la fraction des glucides et de la lignine des végétaux qui n’est pas digérée par les enzymes des animaux, et arrive donc dans le gros intestin (EFSA, 2010), pour y subir une digestion microbienne.
Chez les ruminants, la digestion microbienne se déroule principalement dans l’ensemble réseau-rumen, donc dans la partie antérieure du tube digestif, si bien que la notion de fibres alimentaires telle que définie chez les monogastriques n’a pas de sens.
La notion de fibres en alimentation des ruminants est plutôt liée à des fonctions, celle de la fibre chimique, conditionnant en partie la valeur énergétique des rations et appréhendée par la composition chimique des aliments ou des rations, et celle de la fibre physique, conditionnant les phénomènes moteurs dont la rumination et liée aux particules de la ration. L’adéquation des apports de ces deux formes de fibres aux besoins physiologiques des animaux est particulièrement importante voire critique chez des animaux à production élevée, comme les vaches laitières.
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